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### Voyage dans le passé ###
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Kazy
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MessagePosté le: 07 Juil 2003 06:22 pm    Sujet du message: Voyage dans le passé Répondre en citant

Ils sont beaux et très connus.

" Un blond à la belle gueule qui commence par Win, un brun sexy qui commence par O, et un soviétique plutôt baraqué qui parle bien l’anglais ? "

Mais eux, sont si dangereux.

" Il la tuerait ce soir. "

Ils ont un plan, et nos héros sont obligés de les suivre…

" Ou ils changent le monde et tout espoir sera réduit à néant, ou on les suit grâce aux informations que nous avons, pour préserver notre monde suffisamment pourri comme ça… Vous m’accompagnez ? "

Mais vont-ils arriver à la sauver ?

" – Je n’ai pas fait tout ce chemin pour la voir se faire tuer sans rien faire ! "

Quel est son passé ?

" Finalement, ils ne savaient même pas la moitié du tiers du quart de la moitié de la vie de la jeune femme. "

Car un jour il la rattrape…

" Passé dont ils ne savaient rien. Que dalle ! "

Et les autres se posent des questions…

" - De quoi nous dérouter, et se poser pas mal de questions auxquelles tu as plus ou moins répondu lorsque tu avais 15 ans…"

Auxquelles elle ne veut pas répondre.

" Elle n’avait jamais voulu leur en parler, et les seules fois où elle leur avait répondu, c’était par un « ça ne vous regarde pas ! » suffisamment explicite pour ne pas leur donner envie de continuer. "

Car pour sauver la femme qu’il aime,

"- Ames sœur, ok…"

il ira jusqu’au bout…

" – Et ce n’est pas parce que dans le passé –et même dans le futur– elle ne veut pas de mon aide que je la laisserai tomber ! "

Même si elle ne le croit pas…

" Tu dis ça parce que je vais mourir…"

Il ira là où elle ne l’attendait pas.

"- Vous êtes allés dans mon passé ? "

De l’action…

" Mais dès qu’il la reposa, il se prit le genoux de l'adolescente dans des parties qui auraient pu servir pour plus tard, et qui avait déjà pas mal servies… "

De l’amour…

" Il la prit par les hanches, et la fit basculer dans ses bras, où il l’embrassa fougueusement. "

Des révélations…

" Ainsi, si elle était restée lorsque Largo lui avait clairement indiqué la porte, c’était pour ne pas faillir à sa promesse ? "

De l’humour…

" Et l'histoire de PFUIT le dinosaure ? "

Dans ce monde sans foi ni loi, où règne l’obligation de survie, nos amis devront faire, un

VOYAGE DANS LE PASSE


- Vite ! Vite ! Emmenez-là en bloc 3 ! ordonna le chirurgien
- Que se passe-t-il ? questionna l’infirmière
- Femme de 27 ans, balle logée dans le dos, évanouie depuis dix minutes…
- Elle a tenu aussi longtemps ?
- J’ai été étonné moi aussi, et c’est pour ça qu’il ne faudrait pas gâcher tous ces efforts !
- Messieurs, je vais vous demander de bien vouloir attendre ici, vous n’êtes pas autorisé à passer cette porte.
- Sauvez-la, je vous en supplie, j’ai les moyens, je veux les meilleurs soins… supplia un des trois garçons qui accompagnaient la jeune femme
- Ne vous inquiétez pas, mais laissez-nous faire notre travail, s’il vous plaît… Attendez dans la salle d’attente !
- Oui… Oui… J’y vais…
- Allez, viens Largo, on ne peut plus rien faire pour le moment…
- Tu es sûr ?
- Mais oui, ne t’inquiète pas…

Largo s’assit sur le premier siège qu’il aperçut, suivi de près par Simon et Kerensky. Joy était entre la vie et la mort, et ils n’avaient rien pu faire. Mais pour mieux comprendre ce qu’il se passe, nous allons revenir une semaine auparavant…

Largo avait appris que sa société de recherche avait trouvé un moyen d’aller dans le passé. Au début, il les avait pris pour des mythomanes sortis d’un hôpital psychiatrique, mais lorsque le technicien lui avait montré –non sans réticences– un disque vinyle introuvable à notre époque, il y avait cru, même si Joy et Kerensky le prenait pour un dingue de supposer que « ce genre d’idioties pour gamins de maternelle… » soit vraies. Il n’y avait qu’un seul plan de la machine conçue, qui elle, avait été créée en deux exemplaires. Et le technicien avait vendu les plans à une personne qui l’avait payée le triple que ce que Largo lui offrait. C’était à un certain Timothée Pitot, qui leur avait donné rendez-vous dans l’usine de Largo. Joy lui avait dit que c’était une mauvaise idée, et lui avait déconseillé de le faire, mais il avait préféré ignorer la remarque de son ex, et lui avait demandé de l’accompagner quand même. Finalement, elle avait accepté. Mais comme Joy l’avait prévu, c’était un piège, et le Timothée Pitot en question, était en fait mort depuis deux jours. Le type s’appelait réellement Fred Cherry, et était un tueur à gage très réputé, qui savait qu’il n’aurait pas la paix tant que Largo serait en vie. Il l’avait menacé, mais Largo n’avait pas cédé. Et Cherry avait tiré. Mais pas assez rapidement, puisque Joy avait eu le temps de le désarmer, et de l’assommer. Mais elle n’avait pas prévu que Cherry aurait pu avoir un complice…

- Mais non, Joy, tu deviens parano, ce type ne peut pas être un tueur ! dit Joy ironiquement
- Et là, elle n’avait pas tort, tu t’es trompé en beauté mon gars ! ajouta Simon par le biais de la radio
- C’est bon, c’est bon, j’ai compris, pas la peine d’en rajouter ! se plaignit le milliardaire

Il tenait Joy par la main, qui n’eut pas le temps de la retirer puisqu’il l’embrassa rapidement sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit. Et puis elle avait pris le parti d’en rire. Mais son rire s’arrêta lorsqu’ils entendirent un bruit sourd. Les yeux de Joy se figèrent, et elle serra brièvement, mais puissamment, la main de Largo, qui la regarda et lui demanda :

- C’était quoi ça ?
- Largo…
- Joy ?
- Largo…

Sa voix était faible, et semblait venir de loin. Elle posa sa main sur son ventre, et la regarda : du sang dégoulinait. Elle lâcha la main de Largo et tomba à genoux. Et soudain il le vit. L’homme qui lui avait tiré dessus, de dos en plus. Il fuyait. Mais Largo n’y fit pas plus attention, et regarda Joy. Elle était étendue par terre, et tremblait. Il n’entendait pas non plus les cris de Simon et de Kerensky qui lui demandaient ce qui se passait :

- Quoi ? Largo, qu’est-ce qui se passe ? Joy ? Largo ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Joy… ; suppliait Largo ; Joy, réponds ! Je t’en supplie !
- Lar… go…
- Mais qu’est-ce qui se passe ?
- Appelez une ambulance ! Vite ! Elle… On… On lui a tiré dessus ! Vite ! Joy, il faut que tu tiennes, tu entends ?
- Lar… go… Je… J’ai… mal…
- Je suis désolé ! C’est de ma faute, j’aurai dû t’écouter… Pardonne-moi…
- Je… Il faut… que… je te dise…
- Quoi ?
- Je… Je…
- Non, ne dis rien, tu auras le temps quand tu me hurleras dessus parce que je ne t’ai pas prévenu que je sortais…

Il n’aimait pas ça. Pas ça du tout. Cette scène lui rappelait Montréal, et il n’avait pas la moindre envie que ça finisse mal. Il fallait qu’elle s’en sorte.

- Je… Je ne… tiendrai pas…
- Mais si ! Ce n’est qu’une toute petite égratignure de rien du tout…
- Je…
- Chut ! Il ne faut pas que tu dormes, mais il ne faut pas non plus que tu parles…
- J’ai… froid…

Il retira sa veste et la mit sur Joy. Il avait peur. Peur que tout recommence comme avant. Peur des heures d’attentes dans des salles déprimantes, peur des diagnostiques des médecins plus pessimistes les uns que les autres… Il ne voulait pas que tout recommence, la douleur, la peine, la peur de la perdre, que sa vie n’ait plus aucun sens si elle mourait, de devoir aller la voir à l’hôpital où il avait déjà accompagné Simon lors de sa greffe. Peur de la perdre. Il ne voulait pas. Il fallait qu’elle tienne.
Les autres aussi étaient effrayés, et, après avoir appelé une ambulance et pris les micros, étaient montés dans la voiture.

- Joy, t’as pas le droit de m’abandonner…
- Largo…

Et ils entendirent une phrase qu’ils espéraient que Largo dise à Joy depuis longtemps :

- Non, t’as pas le droit de mourir, parce que je t’aime…
- Tu… dis ça… parce que je vais mourir…
- Non, je te dis ça parce que je le pense…

Les ambulances arrivaient, et Joy commençait à sombrer dans un état léthargique, signe qu’elle s’affaiblissait, et qu’elle approchait encore une fois de la mort. Chose qui fit encore plus peur à Largo, qui se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Je t’en prie, ne m’abandonne pas… Qui remettra Simon à sa place sinon ?
- Kerensky…
- Et qui embêtera Kerensky ?
- Simon…
- Et qui m’empêchera de n’en faire qu’à ma tête ?
- Personne… n’a jamais… réussi…
- Joy !
- Monsieur, poussez vous s’il vous plaît ! lui demanda un infirmier
- Largo ! JOY ! criaient Simon et Kerensky en courant
- Bats-toi, Joy ! la supplia Largo

Mais elle ne répondit pas. Ses yeux étaient fermés, et les médecins lui demandaient s’il voulait monter avec eux.

Voilà comment tout s’était passé. Tout était de sa faute. Il aurait dû l’écouter. Mais comme d’habitude, il n’en avait fait qu’à sa tête… Et elle se retrouvait dans un bloc opératoire. Encore. Ils attendirent deux heures, entre soupirs, cafés et coups de pieds dans le pauvre percolateur qui n’avait pourtant rien fait pour mériter un tel acharnement. Si Kerensky soupirait toutes les deux minutes, et si Simon s'excitait sur la machine à café, Largo, lui, demeurait plongé dans ses pensées, plus noires les unes que les autres. Lorsque le chirurgien arriva. Il retira ses gants tâchés, ou plutôt recouverts de sang :

- Vous êtes de la famille ?
- Oui, mentirent-ils à l’unisson
- Alors ? demanda Largo anxieux de connaître la réponse
- Alors votre amie s’en tire sans grand dommage. Elle dort pour le moment, et je peux vous dire qu’elle a eu beaucoup de chance. Elle est sous analgésiques pour le moment, et elle dort.
- Mais… continua Kerensky qui pensait que c’était trop beau pour être vrai
- Mais elle a perdu beaucoup de sang…
- Et… poursuivit Simon
- Et il lui faut une transfusion sanguine.
- Attendez… Vous n’avez pas de sang en réserve ? s’enquit Kerensky, atterré
- Il y a eu un gigantesque accident il y a quelques jours. Nous sommes en « pénurie » entre guillemets. Et comme de moins en moins de gens font des dons de sang, c’est dur de remplir les réserves… L’un de vous est-il du groupe B- ?
- Je suis du groupe O-. Ca marche ? demanda Largo
- Il faut faire des examens, mais sinon ça devrait aller.
- Est-ce que ses jours sont en dangers ? demanda Simon
- Non, sauf si elle ne reçoit pas de sang dans les prochains jours…
- Faites moi les examens maintenant, s’il vous plaît…
- Etes vous malade ? Consommez vous de la drogue ? De l’alcool ? Une allergie particulière ?
- Non, non, non, et non.
- Alors nous pouvons commencer. Suivez moi.
- Euh… commença Largo. Est-ce qu’on peut la voir avant, s’il vous plaît ?
- Un seul à la fois. Et je pense que je vais vous faire vos examens avant… Qui veut y aller ?
- Largo, vas-y, elle a besoin de toi.
- Merci Simon. T’es vraiment un pote !

Après les examens, les prises de sang, et le branchement de la perfusion, il entra dans la chambre de son amie. Amie ? Ce n’était pas exactement le mot qui convenait, mais il n’avait pas le temps d’y penser. Il s’assit sur la chaise la plus proche, et remit la mèche « rebelle » derrière son oreille. Elle était pâle, et semblait paisible, comme à chaque fois qu’elle dormait. Oui, elle dormait. Il était rassuré. Elle n’allait pas mourir, grâce à son sang. Quoi ?! Il fallait déjà qu’il sorte !? Largo se leva à contre cœur et, avant de sortir, déposa un baiser sur les lèvres de sa garde du corps et quitta la pièce. Il se dirigea vers Simon et Kerensky :

- Il faut faire des recherches sur ce type. Sur ces types.
- Oh m***e, Largo ! s’exclama Simon
- QUOI ?
- Ils étaient deux ?
- Oui.
- Et le deuxième, il était assommé ?
- Oui.
- Et qu’est il est advenu de lui ?
- Oh m***e ! On l’a complètement oublié ! Tu crois qu’il… ?
- Il s’appelait Fred Cherry… dit Kerensky
- Et le type qui a tiré sur Joy s’appelait Tom Bouter, continua Simon
- Comment le sais-tu ? interrogeât Largo
- C’est un employé du groupe depuis deux semaines…
- Deux semaines ? Seulement ?
- Oh non ! Qui était le recruteur ? s’inquiéta le russe
- Aucune idée !
- Tu pourras me faire des recherches sur lui, s’il te plaît Kerensky ?
- Oui.
- Attends… reprit Largo
- Quoi ?
- Ils ont les plans des machines à remonter dans le temps ?
- Oui. Alors ils savent comment la faire fonctionner ?!
- Tu crois qu’ils vont aller dans le passé ? Mais pour quoi faire ?
- Je sais pas… Faire tourner le futur à leur avantage…
- Alors le temps nous est compté ! Direction l’usine !

Les deux autres hommes avaient réussi à se retrouver dans l’immeuble abandonné qui leur servait de repaire. Ils discutaient :

- Nous n’arriverons à rien si Winch est en vie, déclara Bouter
- Oui mais Arden est bien trop forte pour qu’on puisse atteindre Winch, répondit Cherry
- Mais elle est à l’hosto en ce moment, grâce à mon coup de maître !
- Il ne faut pas la sous-estimer. Et la sécurité de Winch sera encore plus renforcée. Non, ce qu’il faut, c’est tuer sa garde du corps…
- Mais elle sera protégée à l’hôpital.
- Il faut l’abattre lorsqu’elle ne peut pas se battre contre nous…
- Dans son passé ? Ses parents ? Tu veux qu’on tue ses parents pour ne pas qu’elle vienne au monde ?
- Non. C’est bien trop compliqué, et nous ne savons pas en quelle année ses parents se sont rencontrés. Non. J’ai une bien meilleure idée…
- Développe…
- Puisque nous connaissons sa date de naissance… Nous allons dans le passé, et nous la tuons pendant qu’elle a… disons… 15 ans. Ça devrait être suffisant…
- Mais pour ça il faut aller à l’usine…
- Voyons Tom, elle ne doit pas être trop surveillée, et Winch et ses amis doivent être au chevet de leur miss CIA préférée…
- Donc pas de problème… On y va ?
- Tout de suite. Tu as les plans ?
- Oui. Ils n’auront même pas le temps de comprendre ce qui leur arrive…

*

Ils étaient arrivés à l’usine le plus vite qu’ils avaient pu, puisqu’il fallait préparer la machine. Les plans en main, ils avaient pris leurs armes et étaient descendus à la voiture. L’usine était bien gardée, et après avoir assommé quelques hommes en faction, ils purent accéder à la salle de la Machine X1, avec celle juste à côté X2. Elles n’étaient pas très grandes. Juste la place pour trois personnes. C’était une sorte de grande bulle avec un tableau de commande à cinq boutons : jour, mois, année, lieu et lancement. Trois sièges uniquement.

- Laquelle on prend ? demanda Cherry
- X1, elle est plus confortable, et en plus, le technicien qui m’a filé les plans avait installé des super sièges de haute technologie… Si tu veux, on peux aussi prendre des canettes de coca, parce que là bas…
- La ferme Tom ! Bon, le temps que je prépare la date de notre arrivée dans le passé, et on part. T’as qu’à charger X1 de nos armes.

La préparation fut assez rapide, grâce aux plans ; mais ils n’avaient pas prévu que le milliardaire et ses amis auraient compris les idées des tueurs.

- Ils sont là ! cria Largo
- Empêche les de partir ! rajouta Kerensky
- Tom ! Monte, vite ! ordonna Cherry
- Ouais, ouais ! Attends ! Les plans !
- J’ai tout dans ma tête ! Allez, monte !

Bouter monta dans la machine lorsque Cherry appuya sur le bouton de lancement. Il y eut un éclair aveuglant, et puis plus rien. Il n’y avait pas eu un seul bruit. Et de toutes manières, s’il y en avait eu ne serait-ce qu’un seul, il aurait été couvert par le cri de désespoir des trois autres :

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!!!!
- C’est pas possible !? s’exclama Simon
- Notre monde… déjà pas terrible, va devenir pire qu’il ne l’est maintenant… resta interdit Kerensky
- Il faut qu’on aille les rejoindre ! déclara le milliardaire
- Et comment ?
- J’ai vu la date à laquelle ils allaient, et ils ont oublié les plans…
- Mais… Largo, il n’y a que deux places… remarqua Kerensky
- On se serrera. Ecoutez, on a pas vraiment le choix. Ou ils changent le monde et tout espoir sera réduit à néant, ou on les suit grâce aux informations que nous avons pour préserver notre monde suffisamment pourri comme ça… Et de toutes façons, que vous soyez d’accord ou pas, j’irai quand même. Vous m’accompagnez ?

Le russe et l’ex-voleur se regardèrent un moment, puis se tournèrent vers Largo. Il y avait tant de détermination dans ses yeux qu’ils savaient que rien ne le ferait changer d’avis. Simon prit en premier la parole :

- Eh, tu vas pas aller t’amuser sans moi ?!
- Et qui va veiller sur toi pendant que Joy est à l’hosto ?
- Merci les gars, je me voyais mal aller me battre tout seul contre des « michants ! »… Attendez…
- Quoi encore ? s’inquiéta le suisse
- J’ai pu voir l’année et le lieu où ils se rendaient : Washington, enfin tout près… en janvier 1991…
- Et alors ?
- Qui habitait près de Washington en 1991 ?
- Joy… comprit le russe
- Mais qu’est-ce qu’ils auraient à gagner à aller voir Joy ? demanda Simon
- Aucune idée…, lui répondit son meilleur ami
- Moi je sais…, commença Kerensky. Largo, ils voulaient te tuer, non ?
- Ben, ouais…
- Mais qui les en a empêché ?
- Ben… Joy, répondit l’intéressé.

Il attendit quelques secondes, puis une sorte d’éclair de frayeur passa dans ses yeux. Ça y est, il a compris, se dit Kerensky.

- Tu crois qu’ils veulent la tuer dans le passé pour ne pas qu’elle me sauve dans le présent ?
- C’est une solution, et la plus plausible… Surtout qu’en 91, elle n’a que… 15 ans, donc elle n’est pas dangereuse !
- Euh… Je sais pas trop moi… reprit Simon
- Quoi ?
- Ben… Si son père l’entraîne, je suis pas sûr qu’elle soit moins forte… Et puis, vous imaginez si on l’aide, les répercussions que cela peut avoir sur le présent ? continua-t-il
- Sauf si…
- Sauf si quoi, Kerenksy ?
- Sauf si Joy nous connaissait avant de nous rencontrer, si ça devait se passer…

Il regarda ses amis. Vu leur regard, ils n’avaient pas compris… Il allait encore falloir jouer les profs… Surtout que le temps leur était compté si ce qu’ils redoutaient était vrai !

- Imaginez que ce qui se passe maintenant, devait se passer…
- Oui…
- Ça voudrait dire que c’était prévu qu’ils aillent dans le passé ; donc nous par la même occasion…
- Oui…
- Or, si nous allons dans le passé sauver Joy, ça veut dire que nous allons la rencontrer. Et si nous la rencontrons alors qu’elle a 15 ans, elle se souviendra de nous. Mais comme lorsqu’elle nous rencontrera lorsque Nério sera mort, elle saura qui nous sommes…
- C’est compliqué mais je comprends… Tu veux dire qu’elle savait qui on était dès le début ?
- Peut-être. Sauf si on l’a forcée à oublier, ou si elle l’a oublié tout court…
- Eh ben… soupira Simon. Elle l’a bien caché, alors…
- Bon, les gars, les deux autres ont déjà de l’avance, on n'a pas le temps de tergiverser sur des détails ! On verra tout sur le tas… Georgi, tu connais les plans ?
- Je sais les lire, oui. Laissez moi cinq minutes…

Il se dirigea vers le rouleau et se pencha dessus. Pendant ce temps, Largo réfléchissait. Ils allaient aller dans le passé de Joy. Passé dont ils ne savaient rien. Que dalle ! Elle n’avait jamais voulu leur en parler, et les seules fois où elle leur avait répondu, c’était par un « ça ne vous regarde pas ! » suffisamment explicite pour ne pas leur donner envie de continuer. Pas brillant, quoi. Elle leur en voudrait sûrement. Et qu’est-ce qu’ils allaient bien pouvoir lui raconter dans le passé ? La vérité ? Non, elle les prendrait pour des tarés sortis tout droit d’un asile. Lui mentir ? Oui, mais lui dire quoi ? Elle n’était pas si naïve que ça tout de même… Apparemment, Simon suivait le même raisonnement que lui, car, lorsqu’il croisa son regard, il y vit ce qu’il devait sûrement y avoir dans le sien : de l’excitation mêlée à une nervosité intense. Mais le russe coupa leurs pensées… :

- On peut y aller les gars… J’ai tout compris.
- Euh… On devrait peut-être prévenir l’hôpital si Joy se réveille, non ? demanda Simon
- Ne t’inquiète pas Simon. Avec les changements d’espace temps, nous ne partirons qu’une dizaine de minutes… si ce n’est des secondes.
- Quoi ?
- T’as jamais vu de films de science-fiction à la télé, où les héros remontent dans le temps, et où quand ils reviennent, c’est à peine quelques secondes après ? demanda Kerensky, ironique
- Ben… Si ! répondit Simon
- Eh ben c’est exactement la même chose, d’après ce que m’avait raconté le technicien. Donc, pas la peine d’appeler l’hôpital, et de toutes manières, ils nous prendraient pour des fous, puisque personne d’autre n’est au courant…
- Ah !!

Kerensky prit un ordinateur portable et un chargeur, puis rejoignit les deux autres. Ils montèrent dans X2.

- Bon, on y va ? s’impatienta Largo
- Oui. Retour vers le passé !!!!!!!! s’enthousiasma Simon
- Euh… désolé de te casser ton… enthousiasme, mais non seulement ce sera pas facile, mais en plus, c’est « retour vers le futur qu’on dit », d’habitude… ; répliqua son meilleur ami
- Mais non ! On va vers le passé, là, mon cher Largo… Donc c’est « Retour vers le passé » qu’il faut dire !
- Ben oui, mais ça fait un peu pitié comme expression…

La réplique cinglante qui traversa à ce moment là les lèvres de Simon disparut en même temps que la Machine dans laquelle ils étaient montés, et que Kerensky avait réussi à mettre en marche, malgré les imbécillités de ses amis, qui n’avaient pas trouvé un autre moyen de décompresser. Et si ses doutes et ses renseignements sur le passé de Joy étaient fondés, ils en auraient bien besoin…

*

DRIIIIIIIIIIIIIIIIING BOUM !!!! Maudit réveil ! Un de ces jours, il serait irrécupérable si elle continuait à s’énerver dessus comme ça. Mais il était cinq heures du mat’, et elle s’était couché tard la veille. Et il y avait cet entraînement de… -mot que la décence ne lui permettait pas de prononcer- qu’elle allait devoir faire. Elle se ménagea un peu, et émergea de son lit douillet. Elle sortit de sa chambre bleue, longea le long couloir, glissa un œil dans l’entrebâillement d’une porte, et descendit les escaliers dans un soupir à fendre l’âme. Il était encore absent, et elle avait été bien naïve de penser qu’il soit rentré pendant la nuit… Arrivée dans l’entrée, elle alla dans la cuisine, et alluma la radio. Un dur choix se présentait à elle : faire son entraînement et se préparer pour aller faire un contrôle de maths qu’elle n’avait pas révisé du tout et donc, par la même occasion, avoir une sale note ; ou faire son entraînement et s’éclater toute la journée avec son meilleur ami ? La deuxième solution, puisque lui non plus n’avait pas révisé son interro de maths. Il fallait qu’elle aille le voir quand même pour lui poser la question. Ils allaient se faire tuer, mais au point où ils en étaient tous les deux, ça valait la peine… Surtout pour son avenir. Il était déjà tout tracé, donc pas la peine de se prendre la tête à étudier des idioties sorties d’un bouquin qu’un pauvre type qui s’emmerdait avait pu écrire lors d’une nuit blanche… Soudain, elle se rendit compte qu’il ne fallait pas qu’elle déjeune avant l’entraînement, parce que sinon, elle risquait de terminer la matinée dans les toilettes. Elle éteignit la radio, remonta dans sa chambre, ouvrit la fenêtre, monta sur la grosse branche qui s’offrait à elle, et rampa jusqu’à la fenêtre d’à côté, puis elle y toqua. Elle attendit un bon moment qu’un garçon châtain aux cheveux ébouriffés et en pyjama vert vienne lui ouvrir la fenêtre.

- Qu’est-ce que tu veux ? lui demanda-t-il en baillant
- Bonjour Joy, ça va ? Oh oui, Matthew, c’est gentil de t’en inquiéter et toi, ça va ? monologua-t-elle. Bien sûr ! Dès que tu es là tout va bien ! Mais que viens-tu faire ici à une heure si tôt ?
- Désolé Joy. Je ne te demande plus si ça va, je le sais. Bon, qu’est-ce que tu viens faire ici ?
- On va en cours aujourd’hui ?
- Ben… Pourquoi on irait pas ?
- Parce qu’il y a un contrôle de maths prévu depuis une semaine qu’on n'a pas révisé.
- Ah… Ben alors on n'y va pas. Ta tante est malade ?
- Oh, non. Elle l’était déjà le mois dernier. Ils vont la prendre pour une hypocondriaque. Euh… Tu vas voir ta grand-mère à la maison de retraite, et moi je vais rendre visite à mon oncle en prison… ?

Ils pouffèrent.

- Ouais, pas con comme idée… ! reprit le garçon
- Alors on fait comme ça ?
- Ouais ! Tu veux entrer ?
- Non, j’ai entraînement là.
- A cinq heures et demi du mat’ ?
- Je tiens à te signaler que tu es censé en avoir un tous les matins, toi aussi !
- Oui, mais mon père croit que je le fais avec toi… Et de toutes façons, avec toutes les attaques qu’on subit par mois, on est suffisamment entraînés !
- Ouais, mais je veux quand même garder la forme. Et puis, mon père peut rentrer à tout moment. Au fait, ça marche toujours pour ce soir ?
- Ben… Oui. On se retrouve dans la forêt ?
- Pas de problème ! Tu m’attends devant chez moi dans… disons deux heures, ça te va ?
- Ouais ! Euh… Non ! Joy !
- Quoi ?
- Tu es sûre que tu ne peux pas réviser vite fait, parce que…
- Jen ?
- Oui. Je dois l’emmener à la maternelle, et si on me voit…
- Bon, ok. Je comprends. T’inquiète pas, j’ai déjà fait pire. Et puis une sale note de plus ou une de moins…
- Tu m’en veux ?
- Bien sûr que non ! C’est pas grave, on se vengera sur la prof ! Tu passes me chercher à huit heures ?
- Ok. A tout’ !

Elle sourit, se retourna sur la branche, et fit le chemin inverse, tandis que Matthew refermait la fenêtre dans un bâillement sonore. Elle rentra dans sa chambre, s’habilla en tenue de sport, coiffa ses cheveux mi-longs en queue de cheval, et descendit à la cave. Elle repoussa une étagère, qui laissa découvrir une porte, attrapa une clé cachée sous un vieux bureau poussiéreux et abîmé, et la glissa dans la serrure. Joy ouvrit la porte et traversa le salon, puis sortit jusqu’au jardin de devant. Personne ne la verrait, puisque personne ne passait par là. La forêt était juste à côté de chez elle. Elle pouvait s’enfuir de sa maison comme elle le voulait, et rejoindre son ami d’enfance Matthew qui la connaissait mieux que personne. L’adolescente se dirigea vers la forêt en courant et alla jusqu’au fin fond du bois, où il y avait ce grand lac où personne n’allait, mais qui restait le lieu préféré de Joy, malgré le fait qu’elle y ait de mauvais souvenirs… Arrivée là-bas, elle courut le plus vite qu’elle put, esquivant les arbres, les ronces, les racines, et feuilles encore glissantes par la rosée du matin. Le soleil commençait à peine à se lever, et Joy courait toujours avec autant de rapidité et d’endurance.

Une demi-heure qu’elle cavalait dans les chemins plus ou moins sinueux sans faiblir. Elle arrivait en vue de chez elle, accéléra et entra dans sa maison. La jeune fille descendit les escaliers jusqu’à la cave, et, sans allumer la lumière s’approcha d’une espèce de table, attrapa une arme, et sans mettre de casque, tira tout droit. Puis elle posa le revolver sur la même table, et alla allumer la lumière. Une gigantesque salle s’offrait à elle. Une table avec une dizaines d’armes plus ou moins puissantes, une espèce de baie vitrée protégeait une cible placée loin d’elle, mais personne n’aurait pu dire à quelle distance. A l’autre bout de la salle, un punching-ball et un sac de combat, ainsi que plusieurs mannequins placés à différents endroits stratégiques, des barres fixes, asymétriques, et parallèles, et enfin une poutre haute. Tout un programme qui coûtait cher. Mais ça ne l’impressionnait plus. Elle n’était plus la petite fille naïve qui rêvait du prince charmant, et qui pensait que la vie était une sorte de paradis. Dès l’âge de huit ans, elle avait arrêté de rêver : elle avait perdu ce stupide concours de beauté qu’elle n’avait fait que pour faire plaisir à sa mère, et son père avait commencé à l’entraîner. Mais maintenant tout avait changé, plus rien n’était pareil, et plus rien ne serait jamais comme avant. Elle se « battit » contre le sac de combat pendant une petite demi-heure. Puis, au bord de l’épuisement, elle ferma la porte et remonta dans la cuisine, alluma la radio comme elle l’avait fait avant, et se prépara un petit déjeuner bien rempli. Ensuite, elle monta dans la salle de bain, prit une douche, se r-habilla et sortit ses notes –peu nombreuses– de maths, pour réviser un peu. Il lui restait une heure et demi pour apprendre son cours.

*

Dans un immeuble abandonné à l’autre bout de la ville, une lumière aveuglante s’éteignit au bout de quelques secondes, laissant place à l’ombre d’une sorte de grande bulle de verre qui fumait un peu, et d’où sortirent deux hommes : un blond assez grand et baraqué, et un homme encore jeune aux cheveux blancs avec le visage ravagé par des cicatrices. Le deuxième homme toussa :

- Keuf ! Keuf ! Ah ! Fichue machine de… !
- Pas de gros mot ! Bon, on est où, et quelle heure est-il ? lui répondit son ami
- On est… dans un immeuble abandonné apparemment… et il est six heures du mat’ ! Eh ben…
- On peut dormir alors, ça va, on n'est pas pressés ! proposa Bouter
- Si justement, nous sommes pressés ! Winch et les deux autres doivent être sur notre piste.
- Mais ils ne savent pas ce que l’on compte faire, et encore moins où nous allons. Nous avons tout notre temps !
- Oui, mais Arden ne sera pas facile à atteindre ! A quelle heure commencent les cours à ton avis ?
- Ben… A neuf heures, je crois ! Et ils se terminent à… Cinq heures s’ils n’ont pas de colles !
- Ok. On les cueillera à la sortie.
- Devant tout le monde ? Non. Trop dangereux ! Ce soir, c’est plus sûr !
- Mais… On ne sait pas où elle habite !
- On demandera à des gens !
- Et se faire griller ? Tu fais chier Tom ! Réfléchis trente secondes ! s’énerva Cherry. Non. On ira à la mairie faire nos recherches. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais nous la tuerons !
- Et pour le moment, on fait quoi ?
- J’suis crevé à force de réfléchir. On va dormir…

La lumière s’évanouit comme elle s’était allumée. Plus rien qu’une forêt. Des arbres à perte de vue. Rien que des arbres et un petit lac que tout le monde semblait ignorer. Il était sept heures et demi du matin, alors qu’ils avaient quittés 2003 à sept heures du soir. Etrange, mais ils n’avaient pas le temps d’y réfléchir. Kerensky observa les alentours pour voir si Cherry et Bouter étaient dans le coin. Mais rien. Que dalle ! Nada ! Simon fut le premier à réagir :

- Euh… On est où ?
- Dans une forêt, répondit son meilleur ami
- Merci Largo, ton sens inouï de l’observation va nous être très utile ! répliqua le suisse
- C’est près de chez Joy, et personne ne semble connaître –ou aller– à cet endroit… remarqua le russe
- A sept heures du mat’, je comprends…
- On fait quoi ? demanda Largo
- Aucune idée, répliqua l’ex-voleur
- On fait confiance à Joy, répondit le génie de l’informatique. On l’observe toute la journée, et si jamais à un moment elle a besoin d’aide, on y va. Il faut qu’on agisse le moins possible dans le passé. Je crois qu’il y a des caméras de surveillance chez elle, on pourra l’observer…
- Et comment ? interrogea Largo
- J’ai pris mon ordinateur portable, et des micros avant de partir, raconta Kerensky
- Mais il n’y a pas encore Internet à cette époque…
- C’est pour ça que je vais le faire grâce à un logiciel que j’ai piqué avant de partir. Et arrête de m’embêter. Vous n’avez qu’à aller voir les environs, et là où est Joy. Après tout, peut-être qu’elle n’aura pas besoin de nous, si elle est aussi forte dans le passé que dans le futur… Tenez, un micro chacun. Et vous vous débrouillerez pour en mettre un sur Joy.
- Ouais. J’y vais ! proposa Largo
- Et faire du voyeurisme ? Non mais t’es malade ? Je viens avec toi ! A tout’ Kerensky !

Ils partirent tous les deux se promener dans les bois, redoutant quelque peu ce qu’ils allaient voir… Ils se perdirent un bon moment, et se retrouvèrent devant la maison blanche une vingtaine de minutes plus tard. Une jeune fille brune sortait de chez elle en pantalon et doudoune, les cheveux lâchés. Quelques minutes plus tard, un garçon châtain arriva et ils se firent la bise. Une petite fille aux cheveux blonds bouclés les accompagnait. L’adolescente se pencha vers la petite et lui dit :

- Salut Jen, ça va ?
- Oui Joy ! Tu nous accompagnes à la maternelle ? lui répondit la petite fille
- Ben ouais parce que ton frère est tellement nul qu’il pourrait se perdre !
- L’écoute pas, Jen, elle dit ça pour m’embêter ! se vexa Matthew
- Bon, allez, je t’accompagne à la maternelle, nous on a un contrôle de maths que j’ai réussi à réviser en une demi-heure !
- Ah bon ? Moi j’ai mis deux heures et j’ai pas encore tout saisi… expliqua-t-il
- Oui, mais toi tu ne comprends jamais rien. Je suis habituée maintenant ! se moqua sa meilleure amie
- Moi, je vais faire des bôôôôô dessins avec la maîtresse aujourd’hui ! raconta Jennifer
- Jen, c’est Chloé qui viendra te chercher ce soir. Moi je termine trop tard, expliqua l’adolescent à sa soeur
- Ah bon ? s’étonna-t-elle. Et qui me gardera ce soir ?
- Chloé. Tu seras sage, hein ?
- Promis. Mais je préfère quand c’est Joy qui me garde.
- Ecoute… lui confia la jeune fille. Je ne peux pas te garder pour le moment, parce que j’ai cours, et beaucoup de travail…
- Et elle doit trouver des moyens plus rigolos de rembarrer les mecs qui viennent la draguer ! intervint Matt
- Oh oui ! J’aime bien quand tu rembarres les garçons, Joy ! C’est marrant !
- Je t’apprendrais, si tu veux quand tu seras plus grande ! proposa-t-elle
- Euh… C’est pas que c’est une mauvaise idée, mais j’ai pas envie que ma sœur devienne la destructrice des cœurs de pauvres garçons…
- …Qui ne pensent qu’à la mettre dans leur lit ! coupa son amie. Matt, tu es mieux placé que n’importe qui pour dire ça !
- Bon, ok, ok, on parle d’autre chose !

Ils se dirigèrent dans les rues de la ville, et accompagnèrent la petite Jen à la maternelle, puis ensuite allèrent au lycée ; toujours suivis par Simon et Largo, qui l’avait bousculée discrètement et avait mis le micro en place, en liaison avec Kerensky qui avait réussi à se connecter aux caméras de surveillances de chez Joy. Après être certains qu’elle ne craignait plus rien pour le moment, ils rebroussèrent chemin et retournèrent au bois. Mais leur estomac leur rappela qu’ils n’avaient pas mangé depuis un bon moment…

- J’ai faim ! se plaignit Simon
- Je dois avoir de l’argent sur moi… mais j’ai laissé ma carte bleue à l’hôpital… ; répondit Largo
- Vous réfléchissez des fois ? Regardez vos dollars : ils sont datés d’après 1991 ! Si on les utilise, on peut se faire arrêter pour faux monnayage ! intervint Kerensky
- Donc on est fauchés !?
- Tu as un sens de la déduction très présent, Simon !
- Comment on va faire ?
- Comme quand on était à la rue : voler ou travailler…
- Mais nous n’avons pas les papiers. Donc on va devoir voler. Chez Joy ? Il n’y a personne, et je brouillerai les caméras. Quand elle saura qui nous sommes, elle comprendra.
- Alors on fait comme ça ? Tu as le matos, Simon ?
- Toujours !

*

Ils se mirent tous les deux en route, et s’approchèrent de la maison de leur amie. Simon crocheta la serrure, et entra dans la maison. Tout était plus ou moins rangé. Rangé, mais poussiéreux. Ils se promenèrent un peu, et trouvèrent la cuisine qu’ils dévalisèrent à moitié. Ou plutôt Simon dévalisait la cuisine, tandis que Largo ; qui n’avait jamais vu la maison de Joy en entier ; montait les escaliers et allait dans la chambre de son amie. Elle était plutôt grande. Juste à droite, un lit deux places, et de l’autre, un vieux secrétaire encore bien conservé. Un dressing était à côté du lit, et un pouf trônait au milieu de la chambre. Quelques fringues traînaient ici et là, son bureau était plein de petits papiers, et les seules photos qu’il y avaient étaient celles d’une femme brune aux longs cheveux bouclés –probablement sa mère–, et le garçon brun qui l’avait accompagné avec sa petite sœur. De toute évidence, la photo était récente. Celle de la jeune femme semblait plus « vieille » de deux ans, mais Largo n’aurait su dire comment il le savait. Rien de son père. Quelques posters de différents groupes de rock et de rap recouvraient les murs bleus, mais rien de choquant, rien qui montrait que Joy était fan de quelque chose. Toujours simple. Exactement comme Largo l’avait imaginé. Au niveau des goût, elle n’avait pas tant changé que ça. Surtout lorsqu’il regarda les CD qui étaient éparpillés sur son bureau. Plusieurs livres étaient rangés sur une étagère. Le milliardaire observa les couvertures : que des livres policiers, ou à l’eau de rose dont elle devait sûrement se moquer avec son ami. Ami dont elle semblait proche. Il avait senti son cœur se serrer lorsqu’il l’avait vue lui faire la bise avec tellement d’amour. Non. Ce n’était pas de l’amour… Amour quoi ! Elle ne semblait pas amoureuse de ce garçon, elle devait plutôt le considérer comme un frère, mais pas plus… Un ami d’enfance, quoi. Mais elle ne semblait pas amoureuse de lui. Il fut sorti de ses pensées par son meilleur ami :

- C’est sa chambre ?
- Oui, je crois…
- Tout à fait comme je l’avais imaginé ! En un peu moins rangé peut-être…
- Ouais. T’as fait des provisions ? demanda le milliardaire
- Ouais. Et je peux te dire que le frigo est bien plein… Enfin, était plein ! Je l’ai presque vidé !
- Simon, le strict nécessaire, on a dit !
- T’as vu la chambre de Charles ?
- Non. Et à dire vrai, je m’en fous un peu ! On y va ?
- Après toi…

Le milliardaire attrapa un paquet de gâteau dans les nombreuses choses que son ami avait volées. Empruntées. De toutes façons, Joy ne s’en rendrait pas compte. Ou plutôt elle n’aurait pas de preuves, et elle ne les connaissait pas. Parce que si elle n’avait pas changé durant tout ce temps, ils allaient se faire sérieusement enguirlander. Et encore ce n’était que de la nourriture. Simon n’imaginait pas trop l’idée qu’une ado de 15 ans lui fasse la morale. Quand elle en a 12 de plus, ok, mais avant non. Et pourtant, il sentait que, si elle l’enguirlandait pour une raison ou pour une autre, il aurait peur de son regard noir. S’il était déjà noir à cette époque. Et pour tout dire, il n’avait pas non plus envie de le vérifier.

Kerensky se demandait ce qu’ils faisaient à regarder la chambre de la garde du corps, le regard vide. Mais qu’est-ce qu’ils foutaient ? Charles Arden pouvait revenir à tout moment, et eux demeuraient dans la chambre, sans aucune raison apparente à fixer désespérément les murs. En fait, le Russe savait qu’ils avaient une raison, parce qu’il pensait la même chose. Quel était son passé ? Durant toutes ses recherches, pourtant poussées, il n’avait pas pu apprendre beaucoup de chose. Quelques anecdotes inintéressantes d’adolescent comme quoi elle séchait les cours presque tous les mois, mais il avait quand même appris un détail important, dont Joy n’avait jamais parlé. Peut-être se sentait-elle coupable. Mais coupable de quoi ? De n’avoir rien pu faire devant un accident idiot ? Après ce genre de chose, on se sent toujours coupable. Il faudrait qu’il lui parle maintenant, pour être fixé.
Mais il ne savait pas un tiers d’une vérité dont la Joy du futur –et même du passé– n’osait parler, de peur d’être jugée. Une seule personne était au courant de la vérité vraie. Mais cette personne, ils ne la connaissaient pas dans le futur…

Ils avaient dormi toute la journée. Trop de tension, d’ennuis, de violence –quoi que ça ne les avait pas empêchés de dormir !– et de changement de programme en si peu de temps. Ils avaient réfléchi à la façon de tuer la future garde du corps du milliardaire. Ils allaient sûrement la suivre. Juste cette soirée. Après tout, ils étaient des professionnels. Ils avaient le choix. Ou la tuer ce soir, et c’était fini. Ou la tuer plus tard, et tout serait plus compliqué. Fred était réveillé depuis assez longtemps, et réfléchissait. Pas besoin de faire tout un tralala, puisqu’elle ne saurait même pas pourquoi ils voulaient la tuer. Donc ce soir. Il se souvint tout à coup de l’adresse d’Arden. Enfin, pas de l’adresse, mais d’un lieu tout proche. Une forêt. Oui. Lorsqu’il avait interrogé un garçon dans le futur, il lui avait dit qu’elle habitait près d’une forêt. Il n’y avait pas pensé tout de suite, parce qu’il l’avait pris pour un imbécile. D’ailleurs il avait tué ce type. Pas de témoin. Tom ronflait à côté. Cherry soupira et se prit à envier l’innocence… non, pas l’innocence, puisque lui aussi avait tué. Mais la détente. Jamais nerveux, toujours le moyen de détendre. Mais quels imbéciles ! Ils auraient dû faire des recherches ! Juste pour être sûrs ! Ça pourrait leur être fatal ! Non. Elle n’avait que 15 ans, et même si on est la fille d’un dirigeant de la CIA, on ne sait pas se battre, et on n’est pas agent soi-même à 15 ans. Ça allait être quand même dur de tuer une adolescente. Pour un adulte, il ne faisait aucun état d’âme, mais là… Elle ne saurait même pas pourquoi elle mourrait. Après tout, elle ne lui avait encore rien fait. Et voilà ! Il commençait à faire du sentimentalisme. Mauvais pour son métier. Il la tuerait ce soir. Lorsqu’elle sortirait dans la forêt. Mais à la réflexion, il n’était même pas sûr qu’elle sorte dans la forêt. Il faudrait plutôt qu’il aille voir où elle habitait. Et pour savoir, il n’y a qu’un lieu : les bars. Là-bas, il n’y a que des malheureux qui se saoulent et qui, par conséquent, balancent des informations qu’il était facile de récolter. Il n’aurait qu’à y aller. Que ce soit dans le présent ou dans le passé, c’était et ce serait toujours pareil : pathétique.

*

Les garçons étaient retournés dans la forêt et avaient mangé à leur faim, puis avaient écouté comment se passaient les cours de Joy. Un bordel monstre. Et encore, le mot était faible. Elle semblait dormir en classe, et lorsqu’on la réveillait, elle envoyait les profs bouler à l’autre bout de la planète. Jamais ils n’auraient imaginé que la Joy légèrement coincée, ou en tout cas fort discrète, pouvait être aussi… chiante. Oui. Chiante était le mot juste. Grossier, mais juste. Cependant, Kerensky sentait qu’elle le faisait exprès. Il en fit part aux autres qui comprirent eux aussi : elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour qu’on lui fiche une paix royale. Et la plupart du temps ça marchait. Mais ils n’avaient pas non plus imaginé que Joy se fasse autant draguer. Ils avaient surpris une conversation entre Joy et Matthew qui lui reprochait d’être trop brutale avec les pauvres garçons. Alors qu’elle se défendait en lui disant que ce n’était pas violent, il lui rappela sa façon de les envoyer paître : elle les laissait faire un bon moment, et lorsque le prétendant lui demandait de sortir avec elle, elle refusait, lui sortant quelle avait rendez-vous avec quelqu’un de très important. En général, ils lui demandaient qui c’était, et elle lui répondait « ma glace au chocolat, et un bon vieux navet à la télé… Ce sera pour une autre fois ! ». Autre fois qui n’arrivait jamais la plupart du temps… Et puis elle les plantait là. Et finalement les trois hommes avaient coupé, et avaient discuté de la manière dont ils allaient apprendre à leur amie la raison de leur présence… Dans tous les cas, ou elle les prenait pour des dingues et appelait l’asile le plus proche, ou elle les tuait… En gros, rien de concluant. Et puis les cours s’étaient achevés, et Kerensky avait rebranché le micro :

- J’en ai marre, marre, marre ! vociférait Joy ; Il est hors de question que je fasse ça !
- Tu n’as pas vraiment le choix ! rétorqua Matthew ; Et puis je ne vois pas de quoi tu te plains ! Le rôle de Juliette, toutes les filles en rêvent… Surtout quand Roméo est le mec le plus désiré du lycée !
- Le type le plus désiré du lycée c’est toi ! Et sûrement pas cet imbécile heureux de Drew, qui ne pense qu’à faire de faux espoirs aux pauvres filles désespérément seules, pour les oublier juste après et leur faire de la peine ! Et en plus, je sais pas comment on peut être beau avec un nom pareil !
- Moi j’aime bien Drew comme nom !
- Ça fait bourge !
- Et alors ? Allez, arrête de faire la tête !
- Non mais tu te rends compte que je vais devoir embrasser ce bouseux !? Beurk ! Rien que cette idée me donne la nausée ! Et puis il n’est pas capable d’aligner trois mots ! C’est un de ces enfants de riches pourris gâtés complètement à la masse !
- Ça y est, t’es calmée ?
- NON ! J’en ai marre que ça tombe toujours sur moi ! J’aurais préféré le rôle de la nourrice ! Même de… de… de rien du tout ! La prochaine fois que tu voudras emmener ta sœur à la maternelle alors qu’on a un contrôle de maths –qu’en plus j’ai raté– promets moi de m’oublier dans ton programme ! Laisse-moi faire des conneries ou aller me balader… c’est plus instructif et plus marrant que de devoir apprendre plein de lignes du genre : « O Roméo pourquoi t’appelles-tu Roméo ? Renie ton père et rejette ton nom… » je sais plus la suite ! Si elle avait un minimum de matière grise dans son cerveau cette conne qui doit sûrement être blonde, elle saurait que c’est pas lui qu’a choisi son nom !
- Ce n’est même pas ça, les paroles !
- M’en fous, ça revient au même : c’est une blonde !
- Joy, tu connais l’histoire de PAF le chien ? demanda Matt avec un calme olympien
- Quoi ? Mais de quoi tu parles ?
- Tu connais l’histoire de PAF le chien ? réitéra son ami
- Ben… Non… Mais je vois pas le rapport entre « l’histoire de PAF le chien » et Roméo et Juliette à apprendre pour le mois prochain…
- C’est l’histoire d’un chien qui se balade dans la rue. Il traverse la route, et là y a un camion qui passe, et ça fait PAF le chien !

Joy s’arrêta de marcher, regarda son ami, le prenant pour un illuminé, et soudain éclata de rire :

- Mais c’est nul !
- Ben tu t’attendais à quoi ? demanda Matt qui riait lui aussi aux éclats, ravi d’avoir calmé sa meilleure amie
- Je sais pas… A un truc un peu plus… philosophique ! Plus intellectuel quoi !
- Et tu connais l’histoire de FLOP FLOP la girafe ?
- Vas-y…
- C’est une girafe qui se balade dans la savane, y a un hélicoptère qui passe, et ça fait FLOP FLOP la girafe !

Elle rit de nouveau.

- Mais c’est débile ! Qui t’a appris ça ?
- C’est Jen. Elle m’a dit qu’elle avait appris ça à la maternelle ! Et tu peux en inventer d’autres !
- Attends, j’essaie… Et SWIP le chat, tu connais ?
- Non…
- C’est l’histoire d’un chat qui va dans la cuisine. Il voit pas la flaque d’eau, marche dessus, glisse, et ça fait SWIP le chat !
- Tu vois !? Sinon, y a aussi PAN l’oiseau : c’est un oiseau qui vole dans le ciel, y a un chasseur qui le voit, il vise, et ça fait PAN l’oiseau !

Ils riaient tous les deux de la stupidité de leurs propos. Kerensky, Simon et Largo n’en revenaient pas. C’était aussi intelligent que les blagues carambars !! Joy avait vraiment changé ! Au moins ça la détendait ! Et les deux autres continuaient :

- Et PFUIT le dinosaure ? poursuivait Joy. C’est un dinosaure qui se balade dans la jungle et il se dispute avec un magicien qui lui lance un sort, et ça fait PFUIT le dinosaure !
- Et SCHPROUIT la fourmi ? C’est une fourmi qui se promène dans la forêt. Y a un randonneur qui passe et qui lui marche dessus, et ça fait SCHPROUIT la fourmi !

Le rire de Joy se stoppa net.

- Ben quoi, elle est pas drôle ma blague ?
- Matt… souffla-t-elle

Il suivit son regard : elle fixait la maison, et plus particulièrement une voiture qui venait de se garer dans l’allée. Elle jura et se tourna vers son ami :

- Je viens quand même ce soir…
- Mais… ton père ne voudra jamais !
- Mon père repartira sûrement dans quelques heures. Et puis je m’en fous. Il a qu’à dégager de ma vie. Il n’est jamais là quand j’ai besoin de lui, mais dès que je veux prendre l’air, il s’accroche. Il m’énerve, et je ne l’aime pas. Il pourrait mourir que ça ne me ferait rien.
- Tu ne le penses pas !
- Non… C’est vrai, mais par contre, je préfèrerais ne plus le voir !
- Un jour tu seras heureuse de l’avoir…
- Ton père n’est pas le même que le mien je te signale ! Toi tu peux lui mentir comme tu veux. Moi j’ai beau m’entraîner à lui raconter n’importe quoi, il sait quand je lui mens. Et je n’ai pas envie de rentrer chez moi si c’est pour me disputer avec lui.
- Fais-le enrager si tu veux…
- Ouais ! Je vais jouer du piano. Quand je joue fort, et qu’il revient de mission, il déteste que je fasse ça. Je suis peut-être une fille ingrate, mais je m’en fous, c’est sa faute…
- Quoi ? La mort de ta mère ?
- Non… Le… truc, tu sais…
- Mais quoi ? Dis-le, bon sang !
- Je dois y aller !

Elle commença à partir, mais les trois garçons entendirent clairement la phrase que Matthew prononça :

- Tant que tu ne le diras pas, tu ne seras pas guérie, et ta reconnaissance infinie ne fera pas tout…

La porte claqua, et laissa apparaître l’adolescente. Kerensky, Simon et Largo suivirent tout le cheminement : Joy montait dans sa chambre sans répondre aux questions de son père, qui le lui reprochait. Lorsqu’il lui demanda si elle avait commencé à étudier le violon, la jeune fille lui répondit non et il lui dit qu’elle devait en faire tous les jours. Elle se redescendit les escaliers et alla dans le salon, attrapa le violon et commença à jouer n’importe quoi avec énervement : les notes étaient fausses et le son insupportable. Elle y mettait vraiment de la mauvaise foi, la garce ! Son père lui ordonna d’arrêter, et la miss reposa l’instrument, un sourire faussement angélique aux lèvres, pour remonter dans sa chambre où son père alla la rejoindre. Et tout s’envenima à cause de cette remarque :

- Quand vas-tu cesser de me faire la tête ? demanda Charles
- Euh… Jamais, ça te va ou tu veux que j’allonge encore un peu ?
- Joy… Je t’ai sauvé la vie !
- Nério m’a sauvé la vie ! Pas toi !

Nério ? A son nom, Largo pâlit. Elle le connaissait ? Mais… Pourquoi n’avait-elle rien dit ?

- Ce type n’a fait que me donner un flingue, et a tiré sur le bocal ! continua son père
- Tu n’accepteras jamais ça ! Jamais qu’un autre que toi me sauve. Et encore moins Nério, et je sais pourquoi !
- Ah oui ?
- Tu crois que je ne vous entendais pas vous engueuler tous les soirs ? Elle couchait avec lui, alors tu le détestes ! Mais moi je l’aime bien, et de toutes façons, j’irai le voir à New York !
- Tu ne sortiras pas !
- J’aimerai bien voir ça ! Maintenant sors de MA chambre et fous-moi la paix, comme tu le fais d’habitude ! C’est beaucoup mieux comme ça ! Je comprends pourquoi les agents de KGB t’appellent « le fantôme » ! Je suis bien placée pour le savoir !

Charles Arden se calma, puis reprit :

- As-tu subi une attaque, aujourd’hui ?
- Tu veux savoir si tes efforts pour me garder en vie ont été vains ou non ?

Il la gifla.

- Tu vois, tu ne te contrôles pas. Je comprends que maman soit allée voir ailleurs… Et non, on ne m’a pas attaquée ! Mais ne t’inquiète pas, la journée n’est pas terminée !

Elle sortit de sa chambre en courant et claqua la porte, puis s’en alla à toutes jambes. Elle le haïssait à cet instant présent. Elle cavalait toujours sans s’arrêter. Elle courait. Sans se rendre compte de là où elle allait. Et puis d’un coup, elle se retrouva en face du lac. Elle ne pleurait pas. Elle était en colère, mais ne pleurait pas. Joy Arden ne pleure pas. Joy Arden ne doit pas montrer ses sentiments. Et puis m***e elle était humaine ! Pleurer était normal ! Les larmes ne venaient pas, mais la colère restait.

- Et m***e ! J’en ai marre ! Tout ça c’est de sa faute ! Jamais tu n’aurais dû tomber enceinte de moi, maman, tu m’entends ? Je sais que j’étais un accident, et ça je ne te le pardonnerai jamais ! Tu n’as pas agi comme une mère ! Protection de m***e ! Et tes soit-disant dons de voyance ! Non mais j’étais vraiment trop naïve !

Elle shootait dans les branches d’arbres mortes, tout en regardant le ciel.

- De toutes façons, je les attends ces s******s ! Qu’ils viennent, et je leur ferai leur fête !

Elle se calma et regarda le lac. L’eau du lac était gelée, mais la glace pourrait sûrement tenir si elle montait dessus. Elle avait froid. Elle était en pull, mais sans doudoune, et il devait faire au moins –10°C. Pas de gants, pas d’écharpe, rien. Elle avançait sans s’en rendre compte sur la glace. Elle adorait ça. La glace et elle se ressemblaient beaucoup : une carapace d’abord que l’on pense infranchissable, mais si on creusait un peu, c’était faible. Le regard dans le vide, elle évoluait sur la banquise, sans voir ses trois « futurs » amis qui, eux, l’observaient…

*

Mais que faisait-elle ? Elle continuait d’avancer sur la glace, et puis d’un coup, elle se mit à danser dessus : comme si ses chaussures étaient des claquettes, puis elle dansait n’importe comment, même du classique. Apparemment ça la calmait. Et d’un coup elle s’arrêta et souffla : « tu es aussi coupable que lui… Je ne ferai pas la même erreur, moi… » et puis il y eut un craquement. Joy sembla s’en rendre compte, mais elle resta sur le verglas. Elle souriait. Et puis d’un coup, la glace se brisa, et un de ses pieds glissa dans l’eau glacée. Elle poussa un cri et jura. Mais elle se releva en tremblant. Dieu qu’elle avait froid ! Les trois autres étaient nerveux, et tiraillés entre l’envie d’aller l’aider, et l’obligation d’éviter Joy. Elle commença à faire le chemin inverse, mais il y eut une nouvelle craquelure. Et une partie de la glace se coupa de la partie principale. Le seul moyen de retourner sur la terre ferme, c’était de sauter de l’autre côté. Mais le froid allait l’en empêcher. Et Matthew arriva.

- JOY !
- Ah ! Matt ! Ça va bien ?
- Mais qu’est-ce que tu fais ?
- Je me les gèle, et je m’engueule avec ma mère !
- C’est dangereux ! Arrête, et reviens !
- Pourquoi faire ? Vivre la même chose que tous les autres jours ? Je voudrais être normale, Matt ! NORMALE ! C’est trop demandé de ne pas avoir une vie de dingue avec un père qui ne fait jamais attention à vous, et une mère assassinée par ta faute ?
- Ce n’est pas ta faute ! Je sais ce que tu ressens, je suis passé par là en même temps que toi, Joy. Et on s’était promis de ne pas craquer. Reviens s’il te plaît !

Elle scruta le regard de son ami, comme si elle voulait voir s’il était vraiment sincère, et finalement sauta sur l’autre partie. Puis elle retourna sur la rive, et continua tout droit, laissant son ami sur la paille. Il la suivit, et elle lui dit :

- Ce soir, changement de programme. On va faire un truc que j’ai envie de faire depuis un bon moment…
- C’est quoi ?
- Tu verras ce soir…

Kerensky, Largo et Simon n’en revenaient pas. Qu’avait-elle voulu dire par « et une mère assassinée par ta faute » ? Et qu’est-ce que c’était que cette histoire avec Nério qui lui aurait sauvé la vie ? Car Nério, c’est pas un nom très répandu, il y avait donc toutes les chances que ce soit lui. Et Joy avait dit que sa mère et lui avaient couché ensemble. Se pourrait-il que Mme Arden soit… sa mère ? Les autres avaient dû suivre le même cheminement que lui à voir leur regard. Kerensky n’en revenait pas. Ça ne pouvait pas être de sa faute ! C’était un accident ! Personne n’aurait pu l’aider ! Même Superman ! Et puis Nério ! Simon et Largo semblaient penser comme lui : si Mme Arden et Nério Winch –pour peu que ce soit Nério Winch– avaient eut une liaison… elle pouvait être la mère de Largo ? Euh… ça faisait un peu gros, mais pourquoi pas ? Et Joy l’aurait su ? Depuis le début, elle saurait qui est la mère de Largo et elle n’aurait rien dit ? Et elle serait la demi-sœur du mec dont elle est amoureuse ? Mais si elle connaissait Nério, elle devait aussi connaître Alan Smythe ! Alors elle jouait drôlement bien la comédie… Toutes ces questions ! Finalement, ils ne savaient même pas la moitié du tiers du quart de la moitié de la vie de Joy. Lui même n’avait pas bien compris quelle part cela faisait, mais à dire vrai, il n’avait pas non plus le temps d’y réfléchir…

- Elle connaissait Nério, énuméra Georgi. Sa mère est morte, soit-disant par sa faute, et son copain est passé par là lui aussi.
- Mais… pourquoi n’aurait-elle rien dit ? demanda Simon. Non. Ça ne colle pas. Je ne pense pas que Largo soit le frère de Joy. Physiquement, ils ne se ressemblent pas du tout ! Même pas UN truc en commun ! Et je ne vois pas ce que Joy avait à gagner à ne pas dire qui elle était, et…
- Elle ne peut pas être ma sœur ! Mon âme-sœur, ok ! Mais ma sœur ! Ah non, pas question ! P****n de m***e de Nério !
- Euh… Attendez les gars… reprit Kerensky. Peut-être qu’on se trompe sur un point : Joy est la plus jeune de nous quatre, alors c’est possible, qu’ELLE, soit la fille de Nério aussi. Mais la fille illégitime ou un truc comme ça !
- Ou alors on se trompe complet, continua Simon. On arrête de se torturer l’esprit et on attend de rencontrer Joy –dans le passé ou dans le futur, ça on s’en fout– pour lui poser toutes nos questions.
- Simon a raison Georgi. On verra tout cela plus tard. Pour le moment, on va attendre la nuit pour voir ce qu’ils vont faire…

Son père était encore là quand elle rentrait. Bon sang mais elle n’avait pas demander à naître, elle ! Pourquoi est-ce qu’on la jugeait à chaque fois comme ça ! Joy monta dans sa chambre, frigorifiée, et se changea. Puis elle mit de la musique Hard Rock à fond et lut.

Il était déjà 20 heures, et Joy n’était pas descendue dîner, tandis que le trio infernal « crevait la dalle ! » comme disait Simon devant leur amie qui s’énervait à mettre de la musique à fond juste pour le plaisir d’entendre son père lui faire des reproches. Elle agissait comme une vraie garce et le revendiquait à son père « adoré ». Il fallait qu’elle sorte, elle en avait assez, assez de cette vie de fou ! Marre qu’on la traite comme une gamine ou comme une adulte quand ça arrangeait, sans jamais savoir, sans jamais être sûre… Seul Matt arrivait à l’aider, à survivre dans son malheur. Ils se l’étaient promis.

Ce bar était le plus minable qu’il avait jamais côtoyé ! Non seulement les hommes –et les femmes– étaient ivres morts, mais en plus ils ne savaient rien d’une gamine brune d’environ 15-16 ans. Seul un homme de 50 ans à moitié conscient lui avait répondu. Enfin répondu… c’était un bien grand mot. Il lui avait plutôt balbutié un truc incompréhensible que Cherry avait mis trois verres de rhum à assimiler : « C’est p’têt’ la gamine vachement bien foutue qui chante le vendredi soir avec son copain ! ». Rien de concluant quoi ! Mais bon, ce trou était tellement ennuyeux qu’il pourrait quand même aller faire un tour, histoire de voir comment ça se passe… Et puis apparemment, d’après ce qu’il avait difficilement saisi des explications fort peu claires, elle était vraiment jolie, et avait une voix ! Il était 20 heures, et il n’avait rien pour régler… Bof, pas grave ! Il partit sans payer et rentra dans l’immeuble abandonné.

- Mais où étais-tu ? l’assaillit Bouter
- Je récoltais des infos. Et toi ?
- Je me suis baladé pour voir un peu comment c’était ici… Je peux te dire que les écolières… Eh ben elles sont bonnes ! Bon, ok, c’est pas des Jennifer Lopez, mais bon, le silicone, c’est pas encore très répandu à cette époque… Et toi, où t’es allé pour récolter des infos ?
- Dans un bar. C’est pire que dans le futur ! Enfin… je crois ! J’en sais rien, et je m’en fous. Y a une télé ici ?
- Ça marche pas bien, mais c’est déjà ça !
- Y a quoi ce soir ?
- Que du déjà vu…

*

22 heures. Enfin ! Elle allait pouvoir sortir ! Elle se leva de son lit, balança son bouquin à l’autre bout de la chambre. Les trois autres ayant compris qu’elle allait sortir, coururent jusqu’à l’orée du bois. Elle cherchait des fringues qui la grandiraient. Les talons, le haut assez décolleté, la jupe longue, un peu de maquillage, et n&
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